Pour moi, le dialogue entre sciences, recherche et société constitue un nouvel impératif.
Une pandémie qui nous assaille, un réchauffement climatique qui nous menace : journaliste, j’ai pu mesurer combien les deux grands défis de notre époque commandent de faire voler en éclats toutes les barrières. Cette double épreuve doit être l’occasion d’une nouvelle alliance entre l’information et la connaissance, entre nos rédactions et le monde scientifique. Deux univers cousins qui se sont longtemps regardés avec distance, parfois même avec défiance. La crise de la Covid-19 a eu raison des dernières digues.
Journalistes et scientifiques sont embarqués dans la même défi, la même urgence : diffuser au plus grand nombre une information de confiance à même d’avoir de l’impact. Les médias et plus encore ceux du service public, ont l’ardente obligation d’éclairer des sujets complexes, sans idéologie primaire, et en s’appuyant sur la meilleure expertise. Une mission impossible sans un compagnonnage intelligent, respectueux et quasi permanent avec le monde scientifique. Ne sous-estimons pas le défi posé à nos métiers de l’information : l’enjeu de la formation est devenu prioritaire tant les journalistes dotés d’un bagage initial scientifique demeurent l’exception. De petites équipes de spécialistes dans nos rédactions ne peuvent pas tout : il nous faut changer d’échelle, accélérer et doter chacun d’un bagage minimum. Pour réussir, nous aurons besoin du soutien et des exigences des grandes institutions scientifiques.
Cette épreuve peut être fondatrice d’une mobilisation commune et sans précédent pour redonner de l’intelligibilité, de la lisibilité et de la puissance au savoir et endiguer les flux intarissables de la désinformation propagée par les plateformes. Il faut ouvrir nos rédactions et les labos de recherche, accepter la transparence, multiplier les échanges, inventer des règles communes et bâtir ensemble une éthique du débat public.
Il faut faire du journalisme un sport de combat et un sport d’équipes pluridisciplinaires. Ces défis nourrissent déjà l’imaginaire d’une jeune génération de professionnels et stimulent une créativité nouvelle des médias.